jeudi 8 novembre 2007

Starsky et Hutch, tada dada dadada....

Mardi matin, vers 10h30...
J'étais tranquillement derrière mon volant, direction le centre de Beurkville, où j'espérais trouver un cadeau d'anniversaire digne d'interêt pour une de mes amies (et croyez-moi, dans ce trou perdu, c'est pas si facile que ça...).
Soudain, ma vie est devenue encore plus tranquille: un escargot carossé façon Fiat a décidé d'imposer sa vitesse maximale de 30 km/h à ma fougueuse Clio ainsi qu'à toutes les boîtes de conserve qui suivaient. Rien de grave me direz-vous...certes, sauf qu'au bout de 15 minutes de ce rythme de paresseux qui viendrait de sortir d'hibernation (je sais, les paresseux, ça n'hiberne pas, c'est une IMAGE!), le plus serein et conciliant des conducteurs commencerait à voir rouge.
Et je suis loin d'être dotée du flegme britannique au volant!
J'ai donc entamé un beuglato crescendo... "Purée, mais t'as vu à quelle vitesse tu roules? Mais tu vas les bouger tes fesses?? Mamie, range ton déambulateur!!!" (je vous la fais soft...).
Je pestais façon marseillaise depuis un bon moment, à travers les dédales commerçants de ma bien-aimée bourgade quand la contrariante conductrice décida qu'elle allait tourner à droite, là, pile dans la petite rue coincée entre le magasin "Z" et la basilique.


Avertissement au lecteur:
Ceci est une reconstitution fictive du dialogue entre deux neurones:
-...mais euh...
-...c'est vraiment une rue ça?
-...ça a l'air sombre...
-...et y a pas trop de voitures...
-...tu sais où ça va?
-...euh non...
-...c'est grave?
-...bah non, tu sais...
-...ouais c'est vrai, on a le temps de réfléchir...
-...mais où c'est qu'on veut aller en fait...?
-...sais pas...
-...bon, ben on fait marche arrière ptêt...?
-...pourquoi pas...


Pour la première fois de sa vie sans doute, la propriétaire des deux neurones réalisa une action en moins de 30 secondes. C'est à peu près le temps qu'il lui fallut pour passer la marche arrière, donner un grand coup d'accélérateur et emboutir ma voiture, dont j'entendis le pare choc et le feu avant gauche pousser des grincements de douleur.

Et que croyez-vous que que l'as du volant fit?
Elle redémarra PARDI!

J'avoue, à ce moment-là de l'action, je suis restée abasourdie. Tout comme les passants qui avaient assisté à la scène.
Mais je n'allais pas laisser passer aussi facilement une occasion de laisser libre court à mon organe sonore.
J'ai donc fait ce dont tous les petits garçons du monde ou presque ont rêvé un jour: j'ai entamé une folle course-poursuite automobile après la criminelle en puissance qui venait de porter atteinte à l'intégrité physique de ma titine adorée!

A moi, Zébra 3!Huggie les bons tuyaux! qu'on amène la bande blanche sur mon carrosse! faites péter la coupe rasta!
Bon, la coupe rasta, j'avoue, j'ai pas toujours besoin de me croire dans les années 70 pour l'avoir, saletés de cheveux frisés...

Débuta alors un périple imprévisible et incertain dans les rues de Beurkville... J'accompagnais le cortège de retentissants coups de klaxons, d'appels de phare, de vociférations qui ne manquaient pas d'attirer l'attention de tous les passants, mais pas celle de la fuyarde, ce qui eut le don de m'énerver encore plus.

Elle avançait, tranquille, imperturbable, semblant chercher une place où parquer l'objet du délit pour aller ensuite en toute quiétude faire du shopping, la fleur derrière l'oreille et le permis dans la besace...sa vitesse de croisière, telle celle du paquebot qui part pour de radieuses destinations, était au beau fixe de 20 km/h, son clignotant était lui définitivement parti en vacances, ses rétroviseurs affichaient un "Ne pas déranger" insouciant...
Et moi, je GUEULAIS.

Tout à coup, après 10 minutes de suspense insoutenable, durant lesquelles je me demandai si j'allais enfin réussir à la faire s'arrêter, l'occasion inespérée se présenta.
Une voie à double sens de circulation, terminée par un "cédez le passage" donnant sur une artère de la ville.
Si je vous dis qu'en plus de rouler à 20 à l'heure, la folledingue prenait un malin plaisir à ignorer la ligne centrale et roulait au milieu de la voie depuis le début, peut-être devinerez-vous ce que je décidai de faire dans un élan d'audace (très imprudent j'avoue vu mon adversaire automobile)...
Ni une ni deux, j'ai appuyé sur la champignon, et me suis postée comme une fleur devant le cédez le passage, le long du flanc gauche de la criminelle, qui comme de bien entendu restait échouée sur la voie de gauche, à contresens, comme une méduse sur la plage de Royan au mois d'août...
Je sors de voiture, en trombe.
...
Je lui fais signe de baisser sa vitre, en colère.
....
Je lui dis de baisser sa vitre, en furie.
.....
Je frappe à sa vitre, au bord de l'explosion.
......
J'ouvre sa portière.
"Vous vous rendez compte que ça fait 10 minutes que je vous suis en voiture à travers les rues?? en klaxonnant, en faisant des appels de phare, en vous faisant de grands signes??? Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, vous m'êtes rentrée dedans! Et ça ne vous a même pas perturbée!! Il ne vous est pas venu à l'idée de vous arrêter??? Vous savez que vous venez de commettre un délit de fuite?? En plus de ça, pendant tout le temps où je vous ai suivie, pas une seule fois vous n'avez clignoté, ni respecté une priorité, ni regardé s'il y avait d'autres voitures qui arrivaient!! C'est carrément criminel de prendre le volant quand on conduit comme ça!!! Vous êtes sacrément veinarde que ma voiture n'ait rien du tout, parce que croyez-moi, une chauffarde comme vous, je lui aurais fait sa fête au tribunal!! Et puis histoire d'éviter un autre accident, je vous fais juste remarquer comme ça, en passant, que vous êtes à contresens là..."

Elle est au bord des larmes. Ne dit rien. Je ferme la portière.

Je repars.

Face à moi, sur l'artère encombrée de voitures dont les clignotants indiquent la gauche, une voiture de police...

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